Foodwatch Rundbrief April2014Avant les dernières élections du Bundestag le ministre des finances Schäuble avait promis des règlementations strictes pour mettre un terme à la spéculation alimentaire. Maintenant ces règlementations ont été présentées au public à Bruxelles: Il sera de la compétence de chaque pays de l'UE de procéder contre la spéculation alimentaire. Cela garantit l'inefficacité de toutes les barrières. Le pays qui règlementera le moins se portera le mieux économiquement. Ce seront ses bourses qui réaliseront toutes les opérations de spéculation alimentaire. Et dès aujourd'hui la Deutsche Bank est le plus grand acteur mondial dans ce sale marché. L'ONG Foodwatch commente : ce n'est pas Wolfgang Schäuble mais les comités de direction de la Deutsche Bank et d'autres grands établissements financiers qui donnent le ton.

Les dirigeants politiques font des promesses, les groupes bancaires déterminent

Cela s'est montré dès 2011. Alors, le 8 octobre, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré dans le journal du soir : Lors du prochain sommet du G20 à Cannes la France demandera que la spéculation boursière sur les produits alimentaires soit interdite. Trois semaines et demie plus tard lors du sommet du G20 – pas un seul mot dans le communiqué final. La France avait retiré sa proposition. Entretemps, depuis l'annonce de Sarkozy, les grands hedgefonds avaient mobilisé. Les grands groupes ont fait des démarches auprès de la chancellerie à Berlin, de la Downing Street à Londres, de la Maison blanche à Washington, de l'Élysée à Paris en disant : Qu'est-ce qui vous prend ? Ici il s'agit du marché libre, nous ne tolérerons pas d'interventions sur le marché libre. Et les Etats du G20 ont cédé.

Parier sur la faim

Un seul de ces si victorieux grands installés à Genève détient plus de 12000 contrats à terme sur les produits de base, sur le maïs, les céréales et le blé, dans son portefeuille. Le prix du maïs a augmenté de 63% en deux ans. Celui d'une tonne de blé a doublé et se situe maintenant à 211 €. La tonne de riz des Philippines est passée de 110 à 1200 dollars. Ce sont des profits gigantesques pour les spéculateurs. Alors on ne peut pas tenir compte des promesses des dirigeants politiques, aussi hauts qu'ils soient, et encore moins des hommes dans les bidonvilles de Rio de Janeiro, Karachi, des Smoky Mountains et de Manille dont beaucoup vont mourir de faim ! La Deutsche Bank et compagnie argumentent que les paris ne feraient que mettre en valeur le prix réel du marché. Mais l'économiste en chef du Thinktank de l'ONU UNCTAD, Heiner Flassbeck, a démontré pour les trois dernières années que les prix des produits alimentaires de base ont augmenté en moyenne de 37 % uniquement à cause de paris. En plus eux seuls sont responsables pour les fortes variations des prix.
Selon les statistiques de la Banque Mondiale ceux que l'on nomme extrêmement pauvres comptent 1,2 milliards des 7,5 milliards de la population mondiale. Ce sont eux qui doivent acheter leur nourriture avec moins de 1,25 dollars par jour. Si les prix des denrées alimentaires explosent, les mères dans les bidonvilles de ce monde ne peuvent plus acheter assez de nourriture. Et leurs enfants meurent. Jean Ziegler, l'ancien rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation à l'ONU, nous dit à ce propos : Ceci est un massacre, massivement aggravé par la spéculation sur les produits alimentaires de base, qui se produit chaque jour de faim dans une normalité absolue et glaciale.

Les portes grandes ouvertes des assassins

Depuis toujours les dirigeants politiques essayaient de dompter cette face glaciale du capitalisme de casino. Mais de nouveau la nouvelle règlementation de l'UE lui a ouvert un grand portail. Le Premier Ministre britannique Gordon Brown a dû connaître dès 2009 ce que signifie la liberté de la règlementation des différents Etats dans ce cas-là. Sous la pression de l'émoi de l'opinion publique il ordonna alors que celui qui gagne plus de 200.000 livres de boni résultants de spéculations devra verser 50 % de l'excédent au Trésor. Depuis les grands hedgefonds ont déserté surtout à Genève en Suisse, où 26 cantons sont en concurrence pour le grand capital par des taux d'imposition les plus bas et par des règlementations financières de bas niveau. Aujourd'hui la petite ville de Genève avec son bel emplacement au bord du lac est l'épicentre, le centre mondial de la spéculation sur les produits alimentaires de base. Et ce qui est absurde c'est que les fonds de dérivés de produits alimentaires y sont affichés avec le sérieux des papiers suisses. Mais, comme on comprend par les clauses du contrat, ce ne sont presque que des sociétés boîte aux lettres des grands hedgefonds et banques dans des paradis fiscaux sans toute règlementation aux Caïmans, aux Bahamas ou ailleurs qui en sont les responsables. La Deutsche Bank à elle seule détient presque 1000 de ces entités ad hoc hors de tout cadre légal.

L'inhumanité infligée à un autre détruit l'humanité en moi

C'est Immanuel Kant qui a dit cela déjà au 18e siècle. Nous ne pouvons pas tolérer que le massacre de nos égaux soit continué à cause de notre indifférence, au nom de la liberté des marchés. La Commerzbank, les Caisses d'épargne et les banques Volksbank et Raiffeisen ont déjà cédé à la pression d'un public informé et promis de ne plus vendre de produits financiers pariant sur la hausse des prix de produits alimentaires. Cette pression doit augmenter jusqu'à ce que même Goldman Sachs et la Deutsche Bank ne puissent plus se permettre de satisfaire leur avidité de profit par la faim et la mort des plus pauvres.

Aidez à stopper cette folie !

Près de 2000 personnes de cinq pays ont déjà collecté 127.384 Euros pour le projet de film "Qui Sauve qui ?". Des associations et des fondations ont apporté 18.391 Euros. Pour que tous ceux qui se sont engagés pour le projet reçoivent une rémunération décente il ne nous faut plus qu'environ 14.000 Euros.

Il ne faut plus grand-chose. Maintenant la promotion de film d'en bas peut être réalisée !